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Niveau record de production de pétrole en Chine

CNOOC

La Chine, via ses trois grandes entreprises pétrolières publiques — CNOOC, CNPC et Sinopec — a fait grimper sa production nationale de pétrole à un niveau record en mars 2025, atteignant environ 4,6 millions de barils par jour. Ce boom contribue à l’excédent mondial de pétrole brut.

Une stratégie nationale énergique

Malgré la montée en puissance des ventes de véhicules électriques dans le pays, Pékin accorde une grande priorité à la sécurité énergétique, ce qui se traduit par des investissements massifs dans la production locale d’hydrocarbures. Des milliards de dollars ont été investis pour inverser le déclin de la production intérieure, amorcé en 2015. Ce renouveau a été particulièrement visible à partir de 2023.

Un boom sans tapage

Alors que les États-Unis misent sur le forage de nouveaux puits de schiste avec des techniques comme la fracturation hydraulique, la Chine extrait surtout davantage de pétrole de gisements conventionnels anciens, découverts dans les années 1950 et 1960 sous Mao Zedong (ex. Daqing, Shengli, Liaohe). La région maritime de la baie de Bohai, en mer Jaune, est en revanche l’endroit où la Chine adopte les techniques américaines (fracturation notamment), ce qui profite à CNOOC, spécialisée dans l’offshore.

Moins de dépendance aux importations

Avec cette hausse de la production, la Chine devient l’un des cinq plus grands producteurs mondiaux, au coude-à-coude avec l’Irak, derrière les États-Unis, l’Arabie saoudite, la Russie et le Canada. Cela signifie qu’elle réduit sa dépendance aux importations, y compris en provenance des États-Unis et de l’OPEP+. En 2023, elle était d’ailleurs le deuxième plus gros importateur de pétrole américain, derrière les Pays-Bas.

Moins d’investissement à l’étranger

Ce regain de production locale s’est partiellement fait au détriment des investissements chinois à l’étranger, particulièrement en Afrique (ex. Angola, Soudan du Sud). Ce changement de cap remonte à 2019, avec la publication d’un plan appelé Seven-Year Exploration and Production Increase Action Plans, qui demandait aux entreprises publiques de se recentrer sur le développement intérieur et d’augmenter leurs dépenses, après des coupes budgétaires en 2014-2015 dues à la guerre des prix du pétrole initiée par l’OPEP.

Cependant, quelques projets étrangers persistent, comme le projet Kingfisher-Tilenga en Ouganda, en partenariat avec TotalEnergies. Ce projet vise une production de 200 000 barils par jour d’ici la fin 2026.

Impact mondial et prix du pétrole

Cette hausse de la production chinoise représente un défi pour l’Arabie saoudite, qui peine à maintenir les prix à flot, notamment à cause de divisions au sein de l’OPEP+. Le fait que la Chine, premier importateur mondial de pétrole, achète moins sur le marché international a un effet à la baisse sur les prix mondiaux.

Alors que les entreprises américaines — soucieuses de la rentabilité — envisagent de réduire leurs forages face à la baisse des prix (autour de 50 dollars le baril), la Chine continue à investir massivement, sans se soucier de la rentabilité immédiate. Les trois géants pétroliers d’État y consacrent environ 80 milliards de dollars par an.

Article d’origine sur Bloomberg.com / Photo CNOOC